mercredi 31 janvier 2007

Dans les larmes de Sabina se cache l’autre monde possible


Nous voici déjà le 30 janvier 2007. Je suis au-dessus de Terre-Neuve, à bord d’un de ces immenses aigles d’acier des temps modernes (version très polluante), symbole équivoque de ce monde si petit pour celles et ceux qui ont les moyens de se payer le billet de la « richesse » et du « développement ». En fait, j’en laisse des milliers de ces personnes derrières moi qui n’auront probablement jamais la chance de sortir de Kibera, Kigami ou Korogocho, encore moins de monter dans un luxueux McDonald Douglas série 11 de KLM. Fatalité ? Je ne m’y résigne pas le moins du monde ! J’ai rencontré trop d’exemples de courage au Kenya pour me résigner à un monde où il est…

• normal que la richesse de cette terre profite à 20% de « gagnants »,
• normal de polluer l’air à coup de voyage en auto, avion ou motoneige,
• normal d’intoxiquer l’eau d’engrais chimiques et de métaux lourds,
• normal de raser les forêts pour consommer notre 800 kilos annuel de papier,
• normal de vider les fonds marins pour que les sushis soient abondants,
• normal de priver les peuples autochtones de leurs terres pour en faire des parcs nationaux ou des barrages hydroélectriques,
• normal de délégitimer les médecines traditionnelles au nom de la « science »,
• normal de breveter le vivant jusque dans ses moindres atomes sans prendre garde aux conséquences,
• normal de dépenser chaque année plus d’un trillion de dollars en armements,
• normal de laisser s’amonceler les ordures et les seringues pour que les enfants des bidonvilles du monde aillent y jouer,
• normal de laisser mourir des millions d’êtres humains infectés du VIH parce qu’ils ne sont pas pharmaceutiquement rentables,
• normal qu’au Kenya quatre femmes sur cinq soient victimes de violence et de viol,
• normal qu’à Amsterdam les prostituées s’affichent dans des vitrines comme des pièces de viande chez le boucher…

Non ! Rien de cela ne doit être normal ! Ni en Afrique, ni en Asie, ni en Australie, ni en Europe ou ni en Amérique. Ces « normalités » sont des échecs cuisant de notre humanité. Chaque visage nié, humilié, crucifié et ignoré me déshumanise. En même temps, chaque visage découvert, chaque larme essuyée, chaque sourire dévoilé, m’humanisent. J’en ai vécu l’expérience, samedi, en rencontrant Sabina chez elle dans le bidonville de Kibera en compagnie de deux travailleuses sociales. Inutile de dire que cette rencontre fut pour moi d’un bouleversement radical. Imaginez le portrait : Sabina est une jeune maman de 35 ans atteinte du VIH, trois fois veuve, mère de quatre filles. La maladie et le manque de tout lui donnent les traits d’une femme de 50 ans. Arrivée en retard, c’est sa fille et un beau-frère en visite qui nous ont accueilli dans la maisonnette de bois, grande de 8 par 10 pieds. Chaque matin, Sabina se lève à 3 heures du matin pour aller au centre-ville de Nairobi acheter du poisson qu’elle fera frire au cours de la journée pour le vendre en petit morceau le soir venu (tout le monde, dans le slum, achète de gros trucs – sucre, charbon de bois, poissons, bananes, kérosène, etc. – qu’il revend ensuite à ses voisins en petites quantités). De retour vers 5-6 heures du matin, elle prépare ses filles pour l’école et va les reconduire pour que rien ne leur arrive. De retour, elle nettoie le poisson, le fait frire et prie pour qu’elle ait de quoi manger pour souper, le dîner, on n’y pense même pas. Elle se repose quand elle peut, question de remonter la pente après plusieurs mois d’alitement suite à une tuberculose. En fin d’après-midi, elle s’occupe à nouveau de ses filles et s’installe sur le bord de la « voie » (un chemin de terre bordé des cabanes et de monticules de déchets que seul les gens du slum empruntent) pour vendre son poisson. En fait, ces quelques bouts de poisson sont bien insuffisants pour payer la nourriture pour sa famille et son loyer de 1000 Ksh par mois (et oui, même les cabanes de bois à une pièce sans électricité, sans toilette, sans eau de Kibera appartiennent à des « landlords », pour la plupart des parlementaires kenyans). Si elle ne paie pas, le proprio viendra lui enlever son toit (l’exposant à la pluie qui la rendra encore plus malade) ou carrément la mettre à la rue pour que d’autres puissent s’emparer de son logement (qui est somme toute assez luxueux puisque le plancher n’est pas en terre mais en ciment !).

Sabina devra faire des miracles. Comment ? Dieu seul le sait, et elle s’adresse souvent à lui. Le centre des missionnaires de Marie qui lui fournit sa trithérapie lui offre bien quelques vivres, mais ce n’est pas assez. Assis doucement dans sa petite maison avec Angela, Normand, Roda et Ladia, je lui demande comment elle fait pour trouver le courage de se lever chaque matin, jour après jour. Elle ne le sait pas. Elle font en larmes : elle demande à Mungu (Dieu en khiswahili) de l’aide, elle nous demande avec une grande sincérité si nous ne serions pas des anges envoyés par Mungu pour réaliser ses prières. C’est que, malgré tout, Sabina caresse un rêve : celui de retourner s’établir à la campagne, près de l’Ouganda, sur un lopin de terre que son frère lui offre. Avant de mourir, elle voudrait offrir une maison à ses quatre filles, les savoir en sécurité en dehors du slum, avec un toit bien à elles. Évidemment, elle n’a pas l’argent pour se construire un gîte, même tout petit, et ne l’aura probablement jamais. Comme bien des gens qui vivent dans ce bidon que certains nomment « ville », son rêve de la terre de ses ancêtres est bien inaccessible depuis qu’elle en a été chassé parce qu’elle n’a pas donné à sa belle-famille le fils attendu. Sans mari, sans emploi, maudite de la peste du VIH, elle n’a eu d’autre choix que Kibera…

Définitivement, je refuse tous les discours à la « There is no alternative. » qu’on nous sert. Au contraire, « There are many alternative ! » et même « There must be many alternatives ! ». Face au fatalisme et à la facilité du découragement (puisqu’à l’Ouest, nous avons encore le choix du découragement, notre vie n’en dépend pas), je me rappelle le courage de cette chère Sabina qui se lève tous les matins pour ses filles, qui s’accroche à son rêve. Pour elle, et pour tous ceux qui souffrent, je veux me battre jusqu’au bout de mon sang s’il le faut pour qu’un autre monde soit possible, pour que la normalité ne soit ni la misère, ni les vitrines d’Amsterdam, mais bien la justice vivifiante : que tous aient selon leurs besoins pour que la vie soit partagée, que les richesses du cœur comme de la nature soient offertes et renouvelables, pour que nous puissions véritablement être un cadeau les uns pour les autres. Comment faire ? Il faut déboulonner le fatalisme et l’apathie ambiantes, les attaquer en leur cœur en transformant radicalement notre manière de voir le monde, de voir l’Afrique, de voir la vie. Il faut subvertir de l’intérieur nos visions : promouvoir les échanges entre les riches d’âme du Sud et les pauvres de sens du Nord, mettre de l’avant le développement d’une économie du partage et de la croissance humaine, appeler à une globalisation de petits villages où les cultures s’enrichissent les unes des autres plutôt que de rivaliser. Il faut se réseauter, se tenir les coudes serrés à tous les niveaux, agir personnellement, localement comme globalement. Il faut que nos vies soient faites de noms et de visages : que tous puissent croire que dans les larmes de Sabina, que dans l’eau cristalline de ses yeux qui osent encore le courage du rêve, se cache l’autre monde possible. Amie, Ami, viens avec moi construire ce monde… Dieu nous y attend.

vendredi 26 janvier 2007

Bilan : Le monde vu du Forum social mondial

Ce texte a été écrit par Angela Gabriella Aurucci, Denise Couture, Jean-François Roussel, et moi-même, tous membres du CÉTECQ, et envoyé aux journaux québécois qui semblent beaucoup trop occupés à Davos pour parler de Nairobi...

Du 20 au 25 janvier, se tenait à Nairobi le septième Forum Social Mondial. L’événement, d’une envergure impressionnante, regroupait environ 100 000 personnes venues des 5 continents, dans l’esprit d’une pensée et d’une pratique altermondialistes. Nous sommes venus ici pour apprendre, au contact d’une diversité d’expériences, comment une multitude de communautés locales, de par le monde, réagissent à la transformation de leurs milieux en contexte de globalisation.

Il n’est pas facile de rendre compte de l’expérience à la fois si riche et parfois si contradictoire du Forum social mondial qui a présentement cours à Nairobi. Parmi cette masse de militant(e)s et d’intellectuel(le)s l’esprit est à la résistance : un autre monde est possible !

Et pourtant, la résistance contre l’Empire et les infrastructures néo-libérales cohabitent ici avec le capitalisme dans une déchirante tension. Un exemple : alors que se rassemblent les groupes qui luttent contre coca-cola, on nous vend partout sur le site de l’eau mise en bouteille par l’une de ses filiales. Au FSM existe aussi la discrimination économique : on peut acheter sa banane pour 5 Ksh (0,03$) l’extérieur du site, sur place pour 10 Ksh (0,06$) d’un marchand itinérant ou bien pour 50 Ksh (0,30$) dans la tente de la succursale kenyane de la multinationale Fairmount présente sur place. Pire encore, alors que l’on parle d’écologie toute la journée, le soir venu, on trouve des amoncellements de déchets partout sur le site puisqu’il n’y a pas de poubelles nulle part !

Une couleur africaine

Que dire de Nairobi elle-même ? D’abord, qu’elle est une ville diversifiée aux points de vue culturel, économique et religieux.

Tenir le Forum social mondial en Afrique, c’est rencontrer un mélange culturel à deux points de vue : mélange des cultures d’Afrique subsaharienne en présence (car il va de soi qu’elles sont majoritairement représentées), dont la variété peut facilement échapper à l’occidental mais qui se manifeste ici; mélange des cultures traditionnelles et modernes aussi. Une image éloquente : celle de jeunes Masaïs en tenue traditionnelle, au regard de feu, venus ici au même titre que les autres participants pour écouter et partager : arc à l’épaule, bâton de berger à la main ; mais qui, comme tant de jeunes Québécois, se retirent brièvement des ateliers en extirpant de leur besace des cellulaires chantonnant ! Ou encore, la congestion routière du matin sur l’autoroute en direction du centre-ville, pendant que dans d’autres quartiers des gens déambulent à pied en tirant une charrette ou en guidant une vache ou des chèvres.

Un autre aspect de la variété à Nairobi, c’est une inégalité socioéconomique frappante : d’une part, une classe très riche, habitant maisons cossues (et bien gardées), roulant en VUS; de l’autre, Kogorocho, Kibera et d’autres bidonvilles où s’entassent 2 millions de personnes dans un degré de misère matérielle qui apparaît sous-humain, et pire que celles des bidonvilles d’Amérique latine.

Voilà qui pourrait nous entraîner sur la pente facile de la commisération à la vue du « pauvre » Africain. Non, nous résistons à ce réflexe, pour deux raisons. D’abord, parce qu’il n’est pas tout à fait exact de dire que ’Afrique est « pauvre » : plus précisément elle est exploitée, ses fabuleuses ressources pillées depuis plus d’un siècle (1885, Conférence internationale de Berlin, qui réunit les chefs des États coloniaux pour régler le partage de l’Afrique en parts de gâteau pour tous les convives). Sans parler, bien sûr, de l’immense capital humain perdu par la traite des esclaves en Europe et en Amérique, à une époque heureusement révolue.

Il faut venir ici, sur place, pour constater de visu les résultats de cette histoire. Pour éprouver la légitimité d’une revendication croissante, celle de l’annulation de la dette des pays d’Afrique, qui ont largement contribué à créer la richesse des banques du Nord sans jamais être payés de retour. Le Forum de Nairobi n’a pas le chic de celui de Davos, quelques clics de Google Earth plus haut, mais Nairobi instruit beaucoup sur Davos.

L’autre raison pour laquelle nous résistons au réflexe de regarder l’Afrique par la lorgnette de la « pauvreté » : alors qu’on nous a appris à considérer le continent africain comme perdu, sous-développé et incapable de se prendre en main (et donc encore moins de contribuer au mouvement altermondialiste), nous découvrons ici des personnes créatives, inspirantes et riches d’une diversité que nous avons parfois tant de mal à célébrer. Par exemple, le Kenya est constitué de 42 communautés culturelles (ce que certains nomment tribus) qui cohabitent pacifiquement malgré les différences de langues et de religions, pour ne nommer que celles-ci. La vaste proportion d’Africains ici présents nous racontent leurs luttes et leurs engagements quotidiens de libération.

Le Forum de Nairobi, en effet, a accordé une place de choix aux préoccupations et aux enjeux africains, en tâchant souvent d’articuler réflexion et stratégie d’intervention. Citons à titre d’exemples, le problème de l’eau et de sa distribution. Le fondamentalisme religieux et les moyens de le contrer. Le VIH-sida. La libéralisation du marché du travail et les femmes en Afrique. Le Sahara occidental, dernière colonie africaine. L’Université africaine à l’heure de la mondialisation. La spiritualité africaine et son apport à la décolonisation des esprits. Le processus de réconciliation au Rwanda. Perspectives africaines sur le commerce équitable. L’impact déstructurant des OGM sur l’agriculture et les agriculteurs en Afrique. Ce ne sont là que quelques-uns des très nombreux thèmes africains abordés au Forum, parmi beaucoup d’autres qui concernent d’autres régions du monde, y compris la nôtre.

Un regard québécois

Regarder le Québec, et plus largement l’Occident, du Kenya est une expérience des plus bouleversante. À leur exemple, nous sommes devant le défi de construire une solidarité internationale, de modifier notre structure de pensée qui fait en sorte que l'on aborde très spontanément les Africains comme des victimes. Nous dispenser de cette tâche consolide les relations coloniales et fait obstacle à la tâche commune de bâtir les conditions d'une solidarité.

D’un point de vue québécois, l’intérêt d’un forum mondial en Afrique est de jeter un éclairage nouveau sur certaines questions proprement québécoises et de favoriser des réseautages inattendus. Ainsi, la situation des éleveurs nomades de l’Afrique de l’Est rappelle à maints égards celle des nations autochtones de chez-nous, entre autres à propos du territoire et de la discrimination. Ou encore, le concept de développement durable est critiqué à partir d’une perspective du Sud : alors qu’il devient de plus en plus clair que la planète ne peut plus suivre la cadence de son exploitation au nom du développement (durable ou pas), ne serait-il pas temps d’oser remettre en question, de manière radicale, cet objectif de développement continu ? A fortiori quand ce développement des uns se fait aux dépens de la vie des autres (voir chez-nous l’impact du détournement du fleuve Rupert sur les communautés cries).

On pourra toujours reprocher au Forum social mondial de regrouper les utopistes de tous les continents pour des résultats politiques bien minces. Bien sûr, un sommet de chefs d’États fait sentir ses effets avec autrement plus d’efficacité. Pourtant, au FSM, on peut entendre des voix multiples, venues de partout, qu’on n’entendra pas ailleurs s’exprimer d’une voix unifiée. Non pas des voix d’utopistes mais celles de gens engagés dans une mosaïque de projets de terrain, à la grandeur du globe, qui produisent des changements réels à l’échelle locale. Les uns apprennent des autres et se regroupent par delà les frontières dans des réseaux neufs et inattendus. Cela justifie amplement l’expérience des Forum sociaux mondiaux et nous prépare avec impatience au Forum social québécois, qui aura lieu à Montréal en août prochain.

mercredi 24 janvier 2007

Message de Denise Couture d'Amsterdam

(Voici le message que Denise Couture, retournée plus tôt à Montréal, a envoyé à notre délégation il y a deux jours.)

Je vous écris de l'aéroport d'Amsterdam, alors que je suis sur le chemin du retour vers la maison. Je me sens triste et déçue d'avoir quitté le groupe la première et avant la fin du forum social. Hier, dans un atelier organisé par le groupe mondial « Des femmes pour la paix », une femme blanche a demandé à l’une des coorganisatrices du forum social, une femme noire : « Que dois-je rapporter chez moi de mon expérience à Nairobi ? » Celle-ci a répondu : « La relation que tu as établi avec moi. » La femme kenyane nous recevait chez elle. Elle nous a proposé de mettre en pratique une nouvelle manière de penser : de ne pas considérer le continent africain comme perdu, oublié et incapable de contribuer au mouvement altermondialiste mondial, mais plutôt de nous rappeler qu'un grand nombre de personnes africaines sont engagées dans des luttes de libération et que nous avons le défi de construire une solidarité internationale entre les personnes qui travaillent pour la libération. Cette femme nous a demandé de modifier une structure de pensée qui fait en sorte que l'on aborde très spontanément les Africaines comme des victimes. Cette façon de faire consolide les relations coloniales et fait obstacle à la tâche commune de bâtir les conditions d'une solidarité. La question n'est pas de savoir ce que le forum mondial peut faire pour les femmes, a-t-elle dit, au contraire l'action du groupe « Les femmes pour la paix » offre plutôt au forum social une proposition d'alternative. Cette femme a raison. Ce que je rapporte de mon expérience à Nairobi, ce sont de nouvelles amitiés, des relations personnelles établies avec des personnes hors de l'ordinaire. Ces relations sont politiques. Nous avons fait ensemble une analyse des structures qui rendent possibles des injustices vécues par des femmes et des hommes. Je pars avec la recommandation de Teresa Okure (doyenne d'une Faculté de théologie au Nigeria) d'apprendre à penser autrement : de ne pas considérer les femmes du bidonville de Kibera comme des victimes, mais de poser la question : comment Kibera est-il devenu possible? Comment agir pour qu'il devienne une impossibilité?

Buenas tardes
See you
Meilleures salutations

Denise

lundi 22 janvier 2007

Les peuples autochtones : architectes d’un autre monde possible face à la catastrophe occidentale

Comme le disait Angela hier, il n’est pas facile de rendre compte de l’expérience à la fois si riche et si contradictoire du Forum social mondial. Ici, la lutte contre l’Empire et les infrastructures impériales cohabitent dans une déchirante tension. Un exemple : alors que se rassemblent les groupes qui luttent contre coca-cola, on nous vend partout sur le site de l’eau mise en bouteille par l’une de ses filiales. Au FSM existe aussi la discrimination économique : je peux acheter ma banane pour 5 Ksh à l’extérieur du site, sur place pour 10 Ksh d’un marchand itinérant ou bien pour 50 Ksh dans la tente de la succursale kenyane de la multinationale Resort Inn présente sur place. Pire encore, alors que l’on parle de la Terre-mère et d’écologie toute la journée, le soir venu, il y a des amoncellements de déchets partout sur le site puisqu’il n’y a pas de poubelles nulle part !

Pas facile d’assumer sa position paradoxale. À ce propos, un atelier donné par le groupe International Feminists for a Gift Economy (www.gift-economy.com) auquel j’ai assisté sous le thème « Capitalisme patriarcal, (néo)colonialisme et les dons alternatifs féministes : femmes, nature et cultures indigènes » ouvre de riches voies. Un constat initial : le marché patriarcal néolibéral est un système parricide, infanticide et environementicide qui reproduit la domination patriarcale mortifère. Autrement dit :

Développement économique = vol, oppression et destruction

Les paroles d’une courageuse militante péruvienne de culture indigène quéchouanne étaient sans ambages à ce propos :
Ø Les biotechnologies entraînent la disparition des méthodes traditionnelles de chasse, de pêche et de culture des herbes médicinales de son peuple (des médecines combien de fois plus éprouvées que les nôtres !).
Ø Le « développement durable » n’est qu’une autre stratégie pour voler les dernières terres encore vierges à son peuple en créant des réserves nationales une fois que les colonisateurs d’hier et d’aujourd’hui ont rendu les autres infertiles.
Ø Le biotourisme n’est qu’une façon de plus d’exploiter ces terres « réservées » en donnant bonne conscience aux touristes occidentaux, tout en dépossédant ceux qui les occupent depuis des siècles, détruisant leurs cultures du même coup, au nom de la croissance économique qu’il ne faut surtout pas freiner.
Ø Les changements climatiques, notamment la baisse d’oxygène dans l’air, transforment l’environnement et la manière de vivre de son peuple, les femmes en sont les premières touchées. Kyoto est tout sauf suffisant et juste. La bourse du carbone n’est qu’un dumping écologique des pays les plus riches vers les nations qu’elles pillent et réduisent en esclavage économique (et ce malgré le 200e anniversaire de l’abolition de la traite des noirs par la Grande-Bretagne que nous commémorons cette année).

En fait, les peuples autochtones, les premières nations de nos terres colonisées et arrachées (au Québec nous avons 60 000 citoyens autochtones, 11 nations avec leurs langues et leurs cultures, que nous tuons à petit-feu avec notre politique d’apartheid), n’avaient nullement besoin de notre « développement » et de notre « civilité ». En clair, l’expansion de la civilisation occidentale et du capitalisme patriarcal est une catastrophe pour l’humanité et son environnement : aucune civilisation dans l’histoire n’a autant produit de gaspillage et d’injustices, ni séparée radicalement l’humain de la nature, ni hiérarchisée aussi intensément les vivants (femmes, enfants, esclaves, animaux) entre eux. Il faut aujourd’hui repenser en entier l’économie, la politique et les relations humaines, revoir ce système individualiste et patriarcal qui nous fragmente autant. Comme le suggérait une des panélistes, il faut élaborer une économie du don basée sur le modèle de la mère qui enfante dans la gratuité. Nous sommes tous enfants d’une mère, la Terre-mère nous a toutes engendrés. Nous sommes toutes et tous interreliées en ce monde telles des constellations. L’humain ne doit plus être uniquement un être de savoir (homo sapiens) mais un être de don (homo donors). Il nous faut élaborer une spiritualité de la Terre, il nous faut admettre notre ignorance et ses résultats terrorisants, apprendre de tous les peuples aborigènes que nous tentons depuis des siècles d’exterminer...

Dans sa folie marchande, les blancs et leurs complices sont en train d’euthanasier la planète et ses écosystèmes. Et pourtant, comme le disait une femme autochtone brésilienne, la Terre-mère sait engendrer le genre d’êtres humains dont elle a besoin et qui savent l’écouter. Aujourd’hui, au plus profond de leurs traditions et de leurs cosmologies diverses, les peuples autochtones détiennent le savoir, le Souffle et les plans nécessaires à la construction d’un autre monde possible. Les laisserons-nous en être les architectes ? Aurons-nous l’humilité d’être de simples ouvriers ?

dimanche 21 janvier 2007

Du FSM, rêver l’autre monde… Entre le cirque et la solidarité…


(Ce texte a été écrit par ma collègue Angela Gabriella Aurucci.)

Ce soir, alors que Michaël et moi avons pris le temps doucement de nous parler, nos cœurs se sont ouverts peu à peu pour découvrir une même fébrilité. La journée et la semaine ont été longues; le temps s’ellipse étrangement. En raccrochant le téléphone, je sens la distance des gens que j’aime, j’entends leur curiosité de nos nouvelles. De loin, ils rêvent avec nous, et désormais, nous savons que nous avons aussi des lecteurs qui sont du même rêve. C’est bon de savoir que nous formons ainsi une communauté de la parole; nous annonçons ce que nous recevons ici et déjà, vous entrez aussi dans le mouvement. Nous expérimentons ici les distorsions de temps et d’espace, typiques d’un séjour qui commence et se termine déjà, d’une terre lointaine mais qui vibre au plus profond de nous.

Ce soir, Denise est partie et notre délégation semble coupée de moitié, vidée d’une partie de son cœur. J’ai senti un instant d’effritement, un bris soudain de l’équilibre que nous avions créé entre nous. Après la fête hier, son départ marque le passage que nous vivons du Forum mondial de théologie et libération au Forum social mondial. Nous passons du petit, du particulier, de la communauté, à la masse, à l’anonymat, au collectif.

Ce fut donc aujourd’hui le véritable début du Forum social mondial. Quelques 300 ateliers nous étaient proposés, de 8h30 à 20h00. Munis du programme pour la semaine (qui fait 165 pages!) nous avons chacun pris notre chemin vers l’une ou l’autre présentation. Tournant en rond autour du Moi International Sports Complex – le stade qui sert de lieu de rassemblement – nous nous trouvions face au difficile choix de « magasiner » les causes. Nous avions bel et bien les pieds dans un « global Jukwaa » (kiswahili pour dire une plateforme internationale).

En ce moment, plutôt que de vouloir répertorier les discours qui nous ont touchés, ou les slogans activistes qui nous laissaient parfois sceptiques, plutôt que de livrer les problématiques urgentes qui nous ont fait pleurer, ce soir, avant tout cela, il y a dans nos voix une sensibilité qui n’y était pas les jours précédents. Je crois que nous nous situons à ce point de tension entre le cirque et la solidarité, comme si le rêve se fragmentait et se complexifiait devant nos yeux. Au forum de théologie, nous avons vécu une semaine où nos différences s’harmonisaient, se fécondaient plutôt bien. Non pas qu’elles aient été dissimulées, puisque nous avons partagé la diversité de nos héritages. Mais il semblait qu’il y avait un désir commun, un rêve commun d’une solidarité qui converge vers la libération. Nous avons partagé un acte de foi, nous avons cru ensemble qu’une spiritualité qui priorise la vie nous aiderait à faire advenir cet autre monde.

Ici au Forum social mondial, il y a également un acte de foi qui se fait. L’autre monde est possible, c’est du moins ce que l’on se dit les uns les autres, de plus en plus fort. Mais demeure toujours cette question du comment. Elle est chaude cette question, puisque justement, il n’y a pas une seule façon. Toute une palette de résistances, militantismes ou pacifismes nous est exposée ici, et tous nos paradoxes et ambiguïtés sont à fleur de peau. L’autre monde dont nous rêvons ne se vit pas forcément ici, même au Forum social mondial. Il n’est pas tout à fait là, mais presque déjà là aussi. Nous nous demandions, Michaël et moi, encore et toujours, pourquoi nous sommes là. Comment tenir, alors que même ici, dans cette célébration du rêve, nous avons du mal à « être autrement »? Comment risquer une parole alors que le geste ne la soutient pas?

Dans la joie, tout de même, nous apprenons à rire, à pleurer et à nous pardonner nos incohérences. Nous avons hâte de rentrer chez nous pour vivre, dans le petit, dans nos relations, un peu déjà des communautés de paix. Nous avons hâte de nous mettre à créer du beau, nous avons les poumons prêts à crier avec ceux que nous n’écoutons pas. Nous voulons vite devenir des artisans d’amour, nous repartirons pleins de foi, convaincus de notre rôle de co-créatrices, co-créateurs. Je pense que notre présence ici a un sens. Peut-être est-elle moins personnelle que collective, peut-être qu’elle fait partie de ces multiples espaces de lutte, de partage et de don. En tout cas, notre présence ici nous lie de plus en plus aux autres, elle nous rappelle la diversité qui habite la Terre et qui nous habite nous-mêmes.

Foward ! ... Foward ! … Foward ! … En avant pourquoi déjà ?




Texte écrit très tard par Angela Gabriella Aurucci, Denise Couture, Jean-François Roussel et moi-même au soir de la première journée du Forum social mondial. La finale est de Jean-François.


Nous sommes tous les quatre dans la chambre de Michaël. Il n’y a à la ronde que des eucalyptus et des acacias, pas une moindre bière pour noyer le chagrin de la délégation dans l’anticipation du départ de Denise vers Montréal. La journée, comme ses précédentes, a été intense et riche à tous les niveaux. Dès 9 heures ce matin, pendant que la moitié de nos collègues du FMTL restait à la maison pour une réunion d’évaluation du Forum, l’autre moitié partait déjà (après plusieurs démarches pour trouver un autobus qui puisse nous mener dans une Nairobi congestionnée) pour le Ohuru Parc, qui veut dire « parc de la liberté », haut lieu de l’indépendance du Kenya réalisée en 1963. Sur place, à la cérémonie d’ouverture du FSM, Jean-François a eu l’impression d’un grand party de la Saint-Jean, version internationale. Nous y avons vu des danses africaines, écouté des chants dans plusieurs langues, des poèmes enflammés et des discours plus que militants. Nous avons entendu des dizaines de slogans regroupant un grand nombre de propositions altermondialistes (éducation gratuite, Bush le terroriste, fin de la Banque mondiale, abat la pauvreté, etc.). Au rythme des « viva » et des « foward », une atmosphère extraordinaire de fête régnait dans une foule majoritairement composée de Kenyans et d’Africains (plus de 75% des participants du Forum). Cette fête marquait pour nous tout autant l’ouverture du Forum social mondial que la clôture de notre forum de théologie. Comme nous avons travaillé 10 à 12 heures par jour durant celui-ci, nous avons vécu cette ouverture comme une occasion de célébrer et de décrocher un peu. Nous serons prêt, demain, pour affronter la journée d’ateliers ! Avec grande difficulté, nous nous sommes procurés un catalogue du FSM : un vrai journal de Montréal contenant plus de 1200 ateliers !!! Difficile d’en choisir 12 pour 3 jours !

Nous trouvons extraordinaire de sentir toute cette solidarité dans l’air, une force dans la volonté de changement. Paradoxalement, cette force de la solidarité nous paraît bien fragile : dans un mouvement d’ensemble appelant à un monde meilleur, que nous désirons aussi, il semble y avoir une forte polarisation des positions contre les Bush et compagnie, une polarisation qui s’exprime trop souvent dans un langage guerrier (ennemi, mal, guerre, bataille, victoire) qui reprend exactement la rhétorique de ce qu’il dénonce. Ce genre de rencontre amène aussi son lot de grâces : Michaël et Jean-François ont rencontré par hasard une femme kenyane, une musulmane au visage voilé. Pour la plupart des Québécois, ce voile aurait été l’image de la femme niée, invisibilisée. Pourtant, cette femme travaille depuis des années dans un centre pour femmes et enfants violentées. Dans sa défense en faveur des femmes et des enfants contre le pouvoir masculin et patriarcal (particulièrement policier qui défend les hommes) elle a été mise en prison à 2 reprises. Revêtir le voile est pour elle un symbole de liberté et de foi, même de résistance à l’assimilante culture vestimentaire occidentale. Derrière ce voile, il y avait une femme si souriante, si belle! De quoi questionner notre vision occidentale de la femme voilée.

Un autre de ces moments de grâce a été, toujours pour Jean-François, la rencontre dans le marché d’une religieuse qui n’a rien en commun avec les riches communautés qui vivent autour de notre pension. Sollicité de toutes parts par les vendeurs, il raconte :

Soudain, je me retrouve face à un étalage de beaux objets dont un qui me plairait beaucoup pour un cadeau. La vendeuse est très discrète, très respectueuse. Je me penche vers elle. J’achète quelque chose et pendant qu’elle fait un ajustement sur l’objet, nous poursuivons notre conversation. Je lui parle du Québec, de la Conquête britannique, et elle sourit quand je lui dis que cela nous fait un point en commun. Puis elle me présente sa voisine, « She speaks French ». Une vieille dame, une blanche très âgée, accroupie par terre comme les autres face à ses objets. Elle est française, vivant au Kenya depuis les années 50, c’est une Petite Fille de Jésus : elle vend des choses pour faire vivre sa communauté. On est loin des fastueuses résidences de congrégations de Langata Road où je loge! C’était bien la dernière rencontre que je m’attendais à faire. Je passe du côté des vendeuses, sous les ombrelles, et nous conversons. Cette rencontre me touche beaucoup, les deux dégagent paix et complicité, peut-être prière aussi. En quittant, je donne à la vendeuse le double du prix demandé. « This is for my daughter, which is a nice person, like you. » Je me fais prendre en photo avec elle, elle me donne son adresse postale car elle aimerait que je lui envoie la photographie.

vendredi 19 janvier 2007

Que le christianisme se taise ! Seuls les analphabètes savent lire la Bible

Nous sommes samedi, il est 7 heures du matin. Dehors, les corbeaux croassent régulièrement et les petits oiseaux gazouillent. Il fait frais. D’ici midi, il fera dans les 30 degrés. Tel est l’hiver kenyan à Nairobi ! Le Forum social commence cet après-midi, le forum de théologie et libération se terminait hier avec l’allocution du charismatique Desmond Tutu. Les derniers jours ont été à la fois riches, complexes et épuisant. Alors que mon corps voudrait dormir un peu plus ce matin, je ne peux m’y résoudre : il y a en moi un sentiment d’excitation et de grande urgence.

Les derniers jours, particulièrement mes discussions avec plusieurs Africains et ma découverte des slums, ont été bouleversants : des gens meurent, il faut agir et maintenant ! Nos religions tuent ! Comme le disait une collègue d’Amérique latine qui travaille avec les premières nations de Colombie : les monothéistes patriarcaux ont les mains pleines de sang, ce sont les religions qui ont construit et supportent toujours l’Empire. Combien de Chrétiens vivent de la souffrance et de la mort de leurs pareils sans broncher ? Abraham est mort et ses « fils » devraient simplement se taire et mourir...

Avec plus de modération, le combien touchant théologien coréen Kim Yong-Buck abondait dans le même sens : pourquoi Jésus d’Asie (Nazareth est bien en Asie !), qui s’est levé contre l’imperium romanum et a été condamné à mort par lui, est-il devenu l’Agent romain par excellence par la liturgie, la théologie, les ordres religieux, le cléricalisme, etc. ? Plutôt que d’exhorter au silence les religions impériales, Kim propose une convergence de toutes les fois du monde pour la libération. Selon lui, le dialogue, la coopération et la solidarité interreligieuses ne mènent qu’à des discours creux. Ce n’est pas assez ! Il nous faut converger ensemble en une résistance qui adopte une vision, des actions et des stratégies communes. Il faut se découvrir en agissant pour un but commun.

Évidemment, il s’agit encore de mots, des mots gentils, certes, dont nous avons besoin, mais la convergence dans la réalité est plus difficile. Une fois de plus, c’est de l’ingéniosité du slum que me vient un début d’espoir, ce lieu qui ne déshumanise pas ceux qui sont dedans mais vous et moi qui sommes dehors, qui acceptons passivement la mort de nos pareils ! Comme le disait Desmund Tutu hier soir dans la fougue et les éclats de rire : Toi, oui, toi ! Tu es unique, tu es merveilleuse ! Tu es extraordinaire ! Hihihihi ! Dieu t’aime comme si tu étais la seule personne sur cette terre ! Hahahaha ! Oui, tu es son image, tu es son représentant sur terre ! Dans l’Église catholique, comme dans une bonne partie de l’Église anglicane, nous nous agenouillons devant la présence eucharistique de Dieu. Toi, toi, toi et toi, vous êtes à l’image de Dieu !Devant chacune, chacun, de vous je dois donc faire une génuflexion ! Nier l’humanité de son frère, de sa sœur, est un blasphème ! C’est comme cracher au visage de Dieu !

Or, quel blasphème encore plus grand, pour qui vous qu’à 5 km de différence, entre Nairobi et Kivera, c’est la ouate pour les uns et les ordures pour les autres, le ciel et l’enfer. Comme je disais, c’est du bon Père Alex que me vient une part de réponse sur le rôle de la religion, et de ma religion hégémonique, dans la libération : c’est impossible de lire la Bible à Langata (le cartier où nous vivons que certains nomment aussi le « petit Vatican » puisque la plupart de confessions chrétiennes et maintenant communautés religieuses catholiques y ont leurs séminaires et leurs grandes maisons entourées de clôtures et gardées par des sociétés de sécurité privée… à l’ombre des clôtures de ces nantis, des sous-privilégiés construisent de petites maisons et attendent qu’on leur offre le privilège d’un peu d’eau). Donc, impossible de lire la Bible à Langata, il faut aller à Korogocho, dans le slum. Autrement dit, on ne peut pas lire la Bible dans Rosemont, il faut aller dans Saint-Henri ! Ô paradoxe : comme Jésus en son temps offrit le royaume de Dieu aux prostituées, aux voleurs d’impôts et aux pécheurs, ce sont les analphabètes qui aujourd’hui savent lire la Bible !

Ce même résonnement, on peut le pousser encore plus loin à propos du Forum théologie et libération lui-même : ce ne sont pas les intellectuels et les bien-pensants universitaires avec leurs faramineux salaires qui savent ce qu’est la libération (ou enfin très peu, c’est comme les nantis qui peuvent lire la Bible !). Ces gens doivent être d’une grande humilité, se taire, s’effacer pour laisser la parole aux autres. Ils doivent non les haut-parleurs du système ou de leur propre volonté de pouvoir, mais les porte-parole des réprimés, des exclaustrés, des muets. À cet égard, le FMTL ne fut qu’un début d’ouverture d’un espace de réelle libération et de partage de la parole. Des quatre jours de Forums, 2 ½ jours furent des conférences de spécialistes, ½ journée fut la visite des slums et orphelinats, et une journée fut consacrée aux ateliers. Physiquement parlant, dans la salle de plénière les chaises étaient cordées en rang d’oignons plutôt qu’en cercle. L’espace en était d’avance un de monopole de la parole, la « vérité » venant de devant, malgré tous nos discours sur l’importance du pluralisme comme don de Dieu. Un tel environnement privilégie énormément les Occidentaux aussi (fort heureusement, tout près de la moitié de l’assemblée était africaine !) qui ont l’habitude de gueuler et de débattre. Je doute fort que cette manière de faire ressemble beaucoup aux cultures africaines… il faut faire autrement, collectivement, et que l’Ouest se taise !

jeudi 18 janvier 2007

Du dialogue à la solidarité


À cette heure, nous sommes déjà le 19 janvier, dernier jour du Forum mondial théologie et libération. Ce matin, Denise Couture, membre de la délégation québécoise, avait été désignée pour la quotidienne synthèse théologique de la veille. Voici donc, en traduction libre (de l’anglais), ce que Denise a dit à l’assemblée sur la journée du 18 janvier.


Au début de la journée, nous avons reçu la visite d’enfants et d’adultes qui vivent à Kibera . Ils nous ont présenté un rituel : chants, paroles, prières. Pour nous, ce fut un lien avec la journée précédente et avec la situation d’extrême pauvreté à Nairobi. Le groupe de théologiens et de théologiennes qui avaient pour tâche d’écouter ce qui se passe dans ce forum croit que la visite des bidonvilles de Nairobi par des personnes qui viennent de partout au monde pose des questions d’ordre éthique. On a gardé ces questions ouvertes.

Après le rituel, nous sommes allés participer aux quelques vingt-cinq ateliers, toute la journée. On y a abordé trois types de problématique. Premièrement, sur le contexte kenyan et africain: la culture africaine, la théologie chrétienne africaine, la famille, les traditions, l’héritage spirituel et les églises indépendantes africaines. Deuxièmement, il y a eu plusieurs ateliers à propos d’alternatives et d’actions urgentes en ce qui concerne l’écologie (pour un autre postKyoto, le VIH/SIDA, Kibera et Korogocho (le groupe théologique suggère de trouver un autre mot pour slum (bidonville) qui est des plus péjoratif), le trafic de femmes, des pratiques féministes indigènes alternatives et la construction de paix et de justice. Troisièmement, plusieurs ateliers ont porté sur des théorisations urgentes : le genre, les multiples résistances à l’empire, la façon de construire des convergences entre différentes alternatives, les théologies africaines et indigènes.

Sur le plan de l’expérience, cette journée consacrée aux ateliers a fait ressortir la diversité entre les participants et les participantes à ce forum. Ce fut une journée de liberté et de réseautage. Dans le cadre de leur atelier, plusieurs personnes ont parlé de ce qui était le plus important pour elles et qui, selon elles, pouvait contribuer à créer un autre monde possible. Plusieurs ont parlé avec passion et plusieurs ont écouté avec passion. J’ai profité de la période de repos après le dîner pour demander aux gens : Comment ça va? Comment décririez-vous la journée des ateliers? L’un a dit que l’esprit était parmi nous. Une autre qu’il y avait de l’air, du souffle. On ressentait une fluidité dans les relations et dans les échanges.

Puis vint la plénière. Nous y avons accueilli un groupe de danseurs du nord-est du Kenya. Puis le groupe du Québec a présenté le forum régional tenu à Montréal en novembre 2006, une expérience inspirante pour la continuation du forum. Ensuite, nous nous sommes remémoré chaque atelier en les commentant un à un. Certains ont affirmé que nous avons besoin de nouvelles manières de faire de la théologie et libération. Nous avons remarqué que le dialogue interreligieux n’est pas nécessairement une solidarité, surtout lorsque les personnes placées en situation de dialogue ne sont pas égales entre elles. On a proposé de le remplacer par une articulation d’actions alternatives variées, situées dans lieux pluriels et dans la lignée de diverses traditions spirituelles et religieuses, qui ont en commun de contrer les complicités à l’empire. Un prochain défi consiste à construire des convergences entre les alternatives, tout maintenant un espace de multiplicité entre elles et en chacune d’elle.

Pour honorer la diversité, l’utilisation des quatre langues officielles importe dans ce forum: l’anglais, l’espagnol, le portugais et le français. Mes collègues et moi avons parlé en français hier et avant-hier de manière à résister contre une possible disparition du français au Québec. Aujourd’hui je parle en anglais et j’affirme ainsi que nous avons besoin de multiples stratégies pour résister aux structures de l’empire. Celles-ci nous rattrapent subrepticement si l’on s’en tient à une seule stratégie de résistance.

Par la suite, après la plénière nous avons pris l’autobus pour nous rendre dans un hôtel de Nairobi pour un souper festif. J’entendais des gens sympathiser bruyamment. Apparemment les personnes étaient enthousiastes. Pour moi, le voyage en autobus a été un moment de joie complète accompagnée de Teresa, qui vit au Nigeria. Le souper fut une célébration : du vin, des amis, de superbes danses africaines et certains parmi nous ont dansé aussi. Au retour, dans l’autobus, nous avons chanté des chansons dans différentes langues.

Ce deuxième forum Théologie et libération se présente comme une transition en ce qui concerne la méthodologie. Le prochain forum s’alignera-t-il de plus près à la façon de faire du forum social? Nous ne le savons pas, mais nous savons que le jour des ateliers, des échanges libres et des propositions multiples d’alternatives fut un jour joyeux, créatif et marqué par la fluidité.

Quand le plus beau sort de la « dompe »

(Ce texte a été écrit après une autre tardive conversation avec Angela.)

« Les Africains sont les êtres les plus religieux au monde et les plus abusés. Est-ce dire que l’irréligion est la clé du succès et la religion le secret de l’esclavage ? » Ces paroles de Philomena Mivaura sont de la dynamite… Elles parlent de la profondeur d’âme de l’Afrique où sous les façades euro-chrétiennes et arabo-musulmanes, se tapit un trésor : le riche patrimoine des cultes, des mythes et des cosmologies animistes qui situent l’humain non au-dessus mais au milieu de la création (j’espère avoir le temps d’y revenir plus tard, nous avons tant à apprendre nos ancêtres africains, tout comme des Amérindiens !). En fait, il faut qu’un peuple ait l’âme d’une profondeur inouïe pour continuer à croire et même pour croire encore plus face à l’esclavage auquel les acteurs du système économique actuel l’ont condamné. Les slums comme on les appelle ici (ou bidonvilles) en sont le meilleur exemple : peut-on imaginer plus profonde déshumanisation ? Laissez-moi vous tracer un portrait.

Après les présentations de ce matin sur l’Afrique et son contexte, nous avons pris l’autobus pour découvrir sur le terrain le contexte africain et le néolibéralisme : certains allèrent visiter un bidonville, d’autres un orphelinat et les derniers une entreprise collective de prise en charge. Si la rencontre des sœurs de mère Teresa à Huruma et de la centaine d’orphelins dont elles prennent soin (la plupart atteints de paralysie cérébrale) fut pour moi bouleversante, ce ne fut rien à côté de l’indignation d’Angela, Normand et Jean-François suite à leur visite de Korogocho. Bidonville situé aux côtés du dépotoir de Nairobi, les gens qui y vivent supportent une odeur pestilentielle. Jean-François raconte qu’il en avait les larmes aux yeux à retenir ses nausées. Dans les rues dévalent des enfants, petits et grands, qui lancent des « Hi ! How are you ? » sous le regard acéré des vautours qui dessinent dans le ciel la spirale funeste de la pauvreté. Les maladies de toutes sortes, le SIDA en tête de procession, rongent nos semblables. Pas surprenant quand l’on considère que l’eau qu’ils boivent tuerait n’importe quel blanc qui tenterait d’en consommer un tant soit peu. Quelques bouts de tôle pour maison, ils sont 120 000 entassés sur un kilomètre carré !

Ainsi décrit, le fatum de Korogocho semble sans espoir et la culpabilité de tous les acteurs du système économique mondial (vous et moi, nos dirigeants, nos entreprises), sans fin. Et pourtant, au cœur du plus inhumain, d’une kénose encore plus radicale que celle du Christ (Jésus n’était pas sidatique aux dernières nouvelles, et l’eau de la mer de Galilée n’était pas mortelle à consommer), surgit l’inattendu. Il y a 20 ans, un prêtre catholique, le Père Alex, vient s’installer dans le bidonville. Sous son leadership catholique, anglicans, pentecôtistes et autres Églises locales commencent à travailler ensemble dans un esprit œcuménique incroyable qui met en lumière en un regard tout le ridicule de nos chicanes doctrinales. Graduellement, les Églises (micro-États en bataille dans Kogorocho puisque le gouvernement kenyan ne reconnaît la slum que lorsqu’il est temps de percevoir les taxes foncières) jadis en bataille pour retenir leurs fidèles commencent à agir ensemble et à s’entraider : preachers, pasteurs, prêtres, hommes et femmes. Ils décident de comprendre avec leurs fidèles POURQUOI ils vivent dans un bidonville. Plutôt que d’entretenir les discours victimologiques, ils deviennent des acteurs. Oui ! un ventre creux peut comprendre sa place dans l’économie mondiale et pourquoi on le condamne à l’immonde. La résurrection surgit alors, miracle inusité, inattendu, impossible au cœur de l’atrocité souffrante : les gens commencent à s’entraider, à s’éduquer et à combattre ensemble le système qui les ignorent. Incroyablement, le fumier de Korogocho devient un composte où fleurit une humanité conscience.

Pendant ce temps, subversivement, le monde surprivilégié du Nord est à pourrir… Obsédé par sa richesse, possédé des démons de consumérisme, rongé de l’intérieur par son nihilisme grandissant qui permet au Québec de détenir un taux de suicides recours chez les jeunes hommes, l’âme occidentale ressemble de plus en plus au dépotoir de Korogocho. À preuve : elle lève le cœur, et jusqu’aux larmes, à une bonne partie de l’humanité. Évidemment, victimiser ou culpabiliser ne rend pas acteur, cela ne fait que paralyser. Fort heureusement, Korogocho nous apprend que c’est de la « dompe » que sort ce qu’il y a de plus beaux, que c’est là, inch’Allah, que commence l’autre monde possible.

mercredi 17 janvier 2007

Alors qu’il pleut en janvier à Nairobi et qu’il fait chaud à Montréal…


Voici un texte écrit par ma collègue Angela. De Nairobi, à tour de rôle après avoir partagés nos émerveillements, angoisses et émotions, chacun écris sur la journée. Voici ses réflexions suite à la journée d'ouverture du FMTL hier. N'hésitez pas à nous envoyer vos commentaires. Nous y répondre si Internet le permet.


Cette nuit, il a plu très fort ici à Nairobi. Le matin était frais et humide, mais les kenyans s’inquiètent. Pas normal qu’il pleuve en janvier. L’herbe est verte alors qu’elle devrait avoir séchée, de même qu’à notre départ, les rues de Montréal étaient plus grises que blanches.

Ce fut aujourd’hui l’ouverture du Forum Mondial de Théologie et Libération. Nous sommes à quinze minutes de marche du Centre carmélite où se tiennent nos rencontres. Ce fut un chemin fébrile, comme quand on sent que quelque chose d’important se prépare. La route accidentée et pleine de boue arrivait pile sous nos pieds, comme pour nous dire que le chemin sera comme ça : difficile et parfois salissant. Nous avons donc mis nos pieds en route, nos pas devenant de plus en plus lourd au fur et à mesure que la boue nous collait aux semelles...

La journée s’est commencée sous le rythme des chants et mouvements d’une chorale locale qui nous a rappelé notre tabou corporel. Nous avons prié, nous avons pris le temps de le faire avant un quelconque discours. Nous avons ensuite dit avec des mots, si bien composés, l’unité que nous recherchons ici pour le monde. En voici les premières phrases :

We call upon the earth and the sky to bear witness to the reverence with which we come… we present humbly in the name of all created things,… the earth our mother, …of the rivers and the great waters we crossed to get here, … of the deserts that bring peace and remind us of our vulnerability, of the sea and the sky which remind us of your greatness… we present ourselves to you… Yahweh, our God, the Father of all, the Creator, the Mother, the Nurturer, most holy and most dear.

Cet acte de dire « nous voici », de nous présenter à Dieu, à cette communauté internationale, fut un don extraordinaire. Nous entendre, nous présenter les uns les autres, humblement et en communion avec la terre, tous là avec tout ce que nous sommes… il fallait que ça commencer ainsi, il faudra que nous le refassions continuellement. Notre mantra commun : « I am somebody and I can do something. »

Cette prière, de même que les présentations qui ont suivi pendant la journée, étaient en anglais et cela a suscité un fort questionnement parmi nous, les six délégués du Québec, qui avons vécu cette situation de manière particulière. Nous en avons longtemps parlé et la question de la langue hégémonique surgit inévitablement. Ce fut une occasion de commencer ce forum en nous situant, ou en essayant du moins de nous positionner. Nous voir, sensibles à cette lutte qui nous est propre au Québec, fut unificateur. Et aussi, le fait de nous rappeler que la langue de chacun a une immense valeur devrait nous amener à nous solidariser avec ceux à qui on tente de l’arracher. La question, pour nous en tout cas, demeure ouverte…

Alors que tous se sont déplacés pour que nous nous retrouvions ici, ensemble nous nous demandons encore : que faisons-nous ici ??? Plusieurs pistes se dessinent ; les idées de réseautage et de renforcement de nos espérances semblent importantes. La diversité des personnes ici présentes illustre la diversité de nos luttes qui peinent à se rencontrer. Il y a tant de questions urgentes dans le monde mais l’exercice de priorisation des luttes semble nous essouffler, parfois nous diviser. Comment retrouver le souffle, dans chaque expérience, et comment solidariser nos engagements ? Comme on se l’est demandé aujourd’hui, faisons-nous partie de la solution ou du problème ? Ou des deux ?

Et enfin, alors qu’il pleut en janvier à Nairobi et qu’il a fait chaud à Montréal ; alors que les Africains subissent sur leur continent les conséquences directes des changements climatiques ; alors qu’ils se demandent « Qu’avons-nous donc fait? » ; alors que nous prenons conscience de notre rôle dans leur sort, comment faire théologie ? Comment apprendre à penser ensemble une spiritualité pour un autre monde possible ? Il semble que nous arrivions tous dans l’espérance de découvrir comment chacun, sur son coin de planète arrive à y croire. Comment ? Je ne le sais pas exactement ; ensemble forcément. Mais est-ce possible ? Oui, oui, oui. C’est l’acte de foi que nous vivons ici. Croire que c’est possible.

lundi 15 janvier 2007

2,5 millions d’être humains inexistants, 2,5 millions de débrouillardises quotidiennes

Jambo rafiki ! Bonjour mon ami, en kiswahili (la deuxième langue officielle, après l’anglais, de la République du Kenya) ! Après 18 heures d’avion et d’attente aux aéroports, me voici sur cette terre d’Afrique : terre si belle avec son odeur de terre rouge, sa végétation de palmiers et d’ibiscus gorgés d’eau et de soleil, sa population belle, fière et si accueillante ! Asante sana ! Karibu ! (Merci beaucoup, je t’en prie !) En même temps, me voici sur une terre pillée de ses ressources (le pétrole, les mines, les forêts) et violée en sa chair (populations affamées, vente d’armes, trafic humain) par ma civilisation qui dit respecter les droits humains chez elle, mais les viole à l’étranger. Peau blanche au milieu de la marée noire, me voici à Nairobi, moi le descendant de colons français, le complice chez moi du génocide des 60 000 Amérindiens survivants, le complice ici d’un système économique qui tue. Me voici, descendant d’un avion blanc à 95%, parmi la cohorte de mes semblables venue se dépayser en safari, comme si les animaux et la jungle avaient plus d’intérêts que les humains d’ici. Ce soir, comment puis-je me brosser les dents et prendre ma douche alors que je sais l’eau est si précieuse ici ? Comment puis-je manger dans la joie mes bananes achetées sur le bord du chemin pour presque rien à cette femme qui n’aura peut-être pas l’essentiel pour nourrir sa famille ?

Cette femme, il est fort probable qu’elle retourne au couché du soleil à Kyvera, un immense bidonville aux portes de Nairobi où plus de 2,5 millions d’êtres humains tentent de vivre et de survivre. Je dis « êtres humains », mais je brise déjà la loi du silence : bien que ces humains comptent pour la moitié des habitants de Nairobi, leur « quartier » ne figure sur aucune carte géographique et le gouvernement kenyan n’entretient aucune relations avec eux…
Au bord de la cité, 2,5 millions d’oubliés…
Au seuil de la rutilante Nairobi, 2,5 millions d’ombres humaines tapies...
Au côté de la performante vantardise, 2,5 millions de quotidiennes débrouillardises

Me voici, le riche, devant le bidonville. J’y serai jeudi pour le visiter avec sœur Bégonias, dans le cadre du Forum théologie et libération.
Me voici, le blanc pro-occidental, au cœur d’un continent qu’on préfèrerait souvent ne pas mettre sur la carte (d’ailleurs, on n’en parle pas à l’école) comme Kyvera.
Me voici, l’intello du Nord qui ignore tout du Sud, devant la beauté du Kenya et de ses 42 communautés culturelles (que certains nomment tribus) et de leurs coutumes particulières.
Me voici, le catholique inconfortable avec son Église, devant cette Nairobi aux multiples fois : celle des hindous, des sikhs, des musulmans, des chrétiens, des bahaïs…
Me voici, être humain parmi les humains, animal parmi les lions, les éléphants, les guépards, les gazelles, les hippopotames, vivant parmi les palmiers, les sycomores, les grandes herbes et les bananiers…
Me voici, pour transformer ma honte colonialiste et mes privilèges en solidarité partagée, en espérance communautaire qui dépasse toutes les guérillas.
Me voici dès demain avec 200 femmes et hommes d’Afrique, d’Europe, des Amériques et d’Asie pour aborder les spiritualités à développer et nourrir pour un monde différent…
Me voici, dans 5 jours, avec 100 000 hommes et femmes du monde, pour poser ma pierre, dans une conscience globale, à la construction d’un autre monde possible, d’un monde paix.

dimanche 7 janvier 2007

Le monde vu de Nairobi par des théologien(ne)s de la libération



Hakouna matata? Vous connaissez la formule du Roi lion, j'en suis sûr! Ou bien le mot safari? Oui, oui! C'est du swahili, la seconde langue officielle du Kenya où je serai dans quelques jours! Le décompte est lancé! Je décole samedi prochain, le 13 janvier 2007, pour Nairobi en compagnie de 5 collègues engagés dans la théologie contextuelle (pour en savoir plus sur les théo contextuelles, vous pouvez consulter le texte baptisé Quand des femmes, des pauvres et… des étudiants s’emparent de la théologie! Regard sur les théologies contextuelles):

- Angela Gabriella Aurucci (étudiante), Denise Couture (prof) et Jean-François Roussel (prof), sont tous membres du CETECQ (Centre d'éthique et de théologie contextuelles québécoises de l'Université de Montréal), un centre qui se veut un carrefour à l'UdM afin que des praticiens et des théologiens réfléchissent à leurs pratiques sociales comme lieu d'une théologie propre au Québec (pour en savoir plus: www.theo.umontreal.ca/cetecq.htm
- de leur côté, Normand Breault (de l'Association catholique contre la torture) et Jean Bellefeuille (responsable du dossier justice, paix et intégrité de la création à la Conférence religieuse canadienne) sont tous deux délégués du ROJeP (Réseau oecuménique justice et paix), un rassemblement de plus de 40 groupes montréalais engagés dans une transformation sociale au nom de leur foi chrétienne (pour en savoir plus sur ces groupes: www.justicepaix.org/


Nous partons donc du 13 au 30 janvier pour participer à Nairobi, la capitale du Kenya, au Forum mondial théologie et libération (un rassemblement international de plus de 200 praticiens et théologiens aux discours des plus colorés!) du mardi 16 au vendredi 19 janvier. Ensuite, du samedi le 20 jusqu'au jeudi 25 janvier, nous participerons au Forum social mondial un des plus imposant rassemblement altermondialiste de la planète qui rassemblera plus de 50 000 citoyens du monde sous le thème “Luttes du peuple, alternatives du peuple".

Je me ferai donc un plaisir sur place de vous faire un rapport quotidien, avec la collaboration d'Angela, de mes découvertes et des possibilités pour construire un autre monde possible à compter de lundi le 15 janvier prochain! Ne vous gênez pas pour me faire vos commentaires également! Enfin, vous pourrez aussi consulter les photos prises sur place dans mon "blogue photos" au http://www.flickr.com/photos/idealiste-convaincu/. À suivre!